AHMED III
(1703-1730) |
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- Ce sultan de trente ans était presque aussi accompli que son
aîné, mais moins porté à guerroyer. ll se préoccupait surtout de
remédier aux faiblesses d’institutions primées qui entravaient la
bonne marche de l’Etat. Pourtant il héritait d’une politique de
revanche due aux pertes subies par le traité de Karlowitza.
Durant la première partie de son règne, les territoires cédés à
Venise et à la Russie furent récupérés à la suite de victoires
contre ces deux Etats. Grand-Vizir Dâmâd Þehîd Ali Pacha, après
avoir pris la Morée aux Vénitiens trouva la mort à la bataille de
Petervaradin qui fut gagnée par les Allemands. En 1718 par le
traité de Pasarowitz, l’Empire ottoman cédait Belgrade et d’autres
territoires à l’Allemagne.
D’un autre côté, une guerre russo-turque avait éclaté peu après la
défaite à Poltava (1709) de Charles XII de Suède, à qui le Sultan
avait accordé le droit d’asile. Durant son séjour de cinq ans et
demi en Turquie, Charles XII ne cessa d’animer la Porte contre la
Russie. A la bataille de Pruth (1711) le grand –vizir Baltacý
Mehmed Pacha vainquit Pierre le Grand à qui il rendit cependant la
liberté et permit de se retirer après lui avoir imposé des
conditions sévères.
La deuxième période du règne d’Ahmed III est appelée “l’ Epoque
des Tulipes” (1718-1730) à cause de la grande vogue que connut
alors cette fleur. Pendant ces années qui sont celles du
gouvernement du Grand-Vizir Nevþehirli Ýbrahim Pacha, la Turquie
connut, surtout à Ýstanbul, une ère de renouveau, de raffinement
et de plaisirs. Les Arts et les Lettres fleurirent. La poèsie
atteignit son apogée avec Nedîm. En musique, après le grand Itrî,
des compositeurs comme Moustapha Çavuþ et Enfî Hasan Aða donnèrent
des œuvres remarquables. La calligraphie prit un grand essor et la
faïence turque brilla d’un bel éclat. L’architecture produisit de
beaux monuments aux volumes allégés, aux lignes gracieuses. Des
palais et des résidences harmonieuses à l’image d’une vie agréable
et sereine, ornèrent les rives du Bosphore et les collines. L’art
des jardins fut développé, la passion des fleurs, surtout des
tulipes se répandit dans tout le pays du Sultan jusqu’à l’humble
batelier.
Mais la guerre qui éclata de nouveau entre l’Empire ottoman et
I’Iran étendait de plus en plus son ombre sur cette période
heureuse. De nouvelles conquêtes furent faites dans le Caucase et
en Iran occidental, les villes de Tbilissi et de Tebriz furent
reprises aux Safévis. Cependant, fermement résolu à rentrer dans
ses possessions, Nadir Chah Afþar soutenait une lutte acharnée
contre les Ottomans.
Un événement encore plus funeste que “l’événement d’Edirne” “le
soulèvement de Patrona Halil” mit fin au règne d’Ahmed III et
coûta la vie au gendre du souverain le Grand-Vizir Ýbrahim Pacha,
accusé griefs calomnieux, de retenir le Sultan loin de la guerre.
Cette révolution avait été fomentée par des groupes réactionnaires
et par les Janissaires indisciplinés qui voyaient d’un mauvais œil
la rénovation entreprise au sein de l’armée que des officiers
instructeurs français soumettaient à un entraînement plus moderne
dans la nouvelle caserne d’Üsküdar, construite sur la rive d’Asie.
Poète, musicien et calligraphe, Ahmed III qui était fort bel
homme, régna vingt sept ans et vécut six ans après son abdication.
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La Fontaine d'Ayasofya a Istanbul l'Epoque des
Tulipes (1718-1730) |
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