HISTOIRE ABRÉGÉE
DE LA TURQUIE

 

Depuis les origines à l’avènement de la République

 

YILMAZ ÖZTUNA

 

DIRECTION GENERALE DE LA PRESSE ET DE L’INFORMATION

MOUSTAPHA II
(1695-1703)

 

 
Enfin devenu héritier du trône, ce prince qui se trouvait au palais d'Edirne où étaient morts son père et ses deux oncles, monta sur le trône sans attendre l’invitation d’usage.

Âgé de trente et un ans, Moustapha qui avait reçu une éducation parfaite et pris part aux campagnes de son père Mehmed IV, se souvenait des succès de Köprülü Fazýl Ahmed Pacha et de Kara Moustapha Pacha. Ce prince énergique et capable, avait hâte de résoudre les grands problèmes qui le confrontaient et qui menaçaient son empire. Dès le troisième jour de son avènement il promulgua un édit dans lequel, chose sans précédent, il dénonçait les déficiences de l’administration et les erreurs de ses prédécesseurs, y compris son père. II se déclarait prêt à prendre la tête de ses armées, refusant d’avance les fastes d’usage en telle occasion.

Moustapha II conduisit avec bonheur deux campagnes contre les Allemands mais perdit la troisième. Le dernier amiral turc de valeur exceptionnelle, Mezomorta Hüseyin Pacha infligea à l’issue des combats acharnés, des défaites navales aux Vénitiens, mais l’Etat ottoman dut signer pour la première fois au cours de son histoire, un traité défavorable, la paix de Karlowitza qui donnait 250.000 km2 de ses possessions, dont la Hongrie, à l’Empire germanique allemand. Moustapha II fut détrôné, après huit ans de règne par un mouvement révolutionnaire funeste appelé “événement d’Edirne”, provoqué par l’ambition effrénée et le népotisme scandaleux de son ancien précepteur qu’il avait élevé à la dignité de Þeyh-ül-Ýslâm. Ce prince qui fut le dernier des Sultans à conduire personnellement ses armées en guerre, n’avait pas su montrer la même énergie dans les quatre années de paix qui suivirent le traité de Karlowitza. II mourut de chagrin quelques mois après sa déposition. Son frère cadet Ahmed, plus jeune que lui d’environ dix ans, né de la même mère, lui succéda.