HISTOIRE ABRÉGÉE
DE LA TURQUIE

 

Depuis les origines à l’avènement de la République

 

YILMAZ ÖZTUNA

 

DIRECTION GENERALE DE LA PRESSE ET DE L’INFORMATION

MOURAD III
(1574-1595)

 
En 1576, l’empire arabe de Maroc se soumit sans restrictions au protectorat ottoman. Le Portugal et l’Espagne voulurent s’y opposer. Le roi du Portugal Sebastien, arriva avec une grande flotte au Maroc et y débarqua avec une nombreuse armée. L’amiral turc Ramazan Pacha défit les forces hispano-portugaises qui s’élevaient à 80.000 hommes, à la bataille de Vâdi’s-Seyl (1576). Le rois Sebastien y périt et le Portugal ne se releva pas de ce coup. Annexé par les Espagnols, il perdit son indépendance et à jamais le rang de grande puissance.

Pendant que ces événements se déroulaient sur les côtes atlantiques de l’Afrique du Nord, à l’Est l’Etat de Pologne-Lithuanie se voyait obligé de reconnaître la suprématie ottomane. Le roi de Pologne fut désormais désigné par le Sultan.

En 1578, une lutte archarnée s’engagea entre les Ottomans et les souverains Safévî d’Iran, Özdemiroðlu Osman Pacha qui s’était déjà signalée par des conquêtes en Ethiopie entendit ses victoires au Caucase et en Iran occidental. Le Caucase du Nord et le Caucase du Sud entrèrent sous la domination ottomane, une flotte turque fut même construite dans la mer Caspienne.

Ainsi, vers les dernières années du règne de Mourad III, l’Empire ottoman avait atteint ses plus larges frontières. II s’étendait, si l’on tient compte des Etats vassaux, sur environ 19.902.191 km2 (dont 4.815.852 km2 en Asie, 2.848.000 km2 en Europe, 12.237.419 km2 en Afrique). Ces limites maximales devaient reculer par la suite avec la perte du protectorat de Pologne-Lithuanie et de celui du Maroc, et la rétrocession d’une grande partie de territoires conquis au Caucase et en Iran occidental.

Mourad III mourut à 48 ans, après un règne de 20 ans. Ce souverain très cultivé a laissé des “divans” (recueil de poèmes) en turc, en arabe et en persan.

En 1593, l’Empire ottoman avait atteint son apogée, mais la décadence s’annoçait déjà.

L’armée et la marine ottomane étaient plus puissantes que toutes les forces terrestres et navales du monde réunies, mais la discipline traditionelle s’était relâchée. La cavalerie régulière (týmarlý sipahi) et les forces montées d’avant-garde qui avaient été l’un des instruments les plus efficaces des conquêtes turques, avaient perdu de leur importance. L’Empire ottoman avait atteint sa maturité, un long temps d’arrêt commençait.