SOLIMAN II LE MAGNIFIQUE (1520-1566) |
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- Son fils unique, Soliman II (1520-1566) avait 25 ans quand il
prit le pouvoir. Surnommée dans les livres d’histoire turque
classiques, le Législateur, et en Europe, le Magnifique, il est le
Sultan ottoman dont le règne fut le plus long (46 ans).
Il enleva en 1521, à la Hongrie Belgrade, alors position-clé en
Europe Centrale, et l’année suivante Rhodes, aux Chevaliers de
Saint-Jean, deux places assiégées chacune trios fois auparavant
par les Ottomans, mais sans succès. Puis il marcha contre la
Hongrie et remporta le 29 août 1526 à Mohaç une grande victoire
contre le roi Lajos qui perdit la vie au cours de cette bataille.
Le 11 septembre, Soliman II entra à Budapest. La Hongrie soumise
devint un royaume rattaché à l’Empire ottoman.
Charles-Quint était le plus grand rival de Soliman en Occident.
Celui-ci entreprit pour morceler et affaiblir l’empire géant des
Habsbourgs, qui réunissant en son sein outre l’Espagne et
l’Allemagne, tant d’autres pays, une lutte de longue haleine qui
se déroula surtout en Hongrie, en Allemagne, en Méditerranée et en
Afrique du Nord. II soutint la France et l’Angleterre contre les
Allemands.
En 1529, Soliman II, menant sa 4ème campagne, pénétra en Autriche.
Mais l’adversaire se dérobait constamment au lieu d’engager la
bataille. Le Sultan ottoman , quioque privé de son artillerie
lourde qu’il avait laissée à Belgrade et à Budapest, se trouva
contraint de mettre le siège devant Vienne mais dut le lever au
bout de 19 jours, à cause de l’arrivée précoce d’un hiver
rigoureux. La cavalerie d’avant-garde, cependant, s’était avancée
jusqu’à Ratisbonne, en Bavière, et jusqu’à Vaduz, au Lichtenstein.
En 1532, Soliman retourna en Autriche et prit Graz.
L’année suivante Charles-Quint s’engageaient à verser un tribut
annuel.
La septième campagne fut dirigée contre Venise alliée de
Charles-Quint. La place d’Otrante, jadis prise par Mehmed II, puis
perdue dut être rétrocédée aux Turcs. Par le traité de 1540, la
Sérénissime République fut soumise à un tribut annuel.
Un an plus tard, à la suite d’une campagne menée contre le royaume
de Hongrie, celui-ci était supprimé et la Hongrie annexée à
l’Empire ottoman sous le nom de Budin Beylerbeyliði (Gouvernement
général de Buda). Les Hongrois furent seulement autorisés à
constituer en Transylvanie, une principauté vassale de la Turquie.
Les Impériaux firent une dernière tentative en Hongrie et subirent
une lourde défaits en 1543. Par le second traité d’Istanbul (1547)
le roi Ferdinand n’était plus reconnu par la Porte que comme roi
de Bohème et Charles-Quint que comme roi d’Espagne. Quant à
l’Autriche, elle était considérée l’égale des autres principautés
soumise à la Turquie. Le Souverain ottoman gardait seul en Europe
le titre d’empereur dans les relations et correspondences
diplomatiques.
De son côté, Barbaros Hayreddin Pacha grand amiral de Soliman II
et Bey d’Alger, affermissait la puissance turque en Méditerranée.
Le 28 septembre 1538, il détruisit à Preveze (Prévéza, près de
Corfou) la formidable armada commandée par Andréa Doria, composée
de 600 vaisseaux, dont 308 bâtiments de ligne, et montée par
60.000 sans compter des milliers de galériens. 20 de ces bâtiments
étaient des vaisseaux géants portant plus de 2000 hommes chacun.
La flotte impériale ottomane comprenant 122 vaisseaux de guerre
chargés de 20.000 soldats en plus des rameurs. La flotte turque de
réserve avait à sa tête Turgut Reis (pacha), l’aile droite était
commandée par Salih Reis (pacha)et l’aile gauche par le géographe
et savant mathématicien Seydî Ali Reis. Les deux Hasan Reis, l’un
fils, et l’autre fils adoptif de Hayreddin Barbaros qui devaient
tous les deux porter plus tard le titre de Bey d’Alger, - étaient
aux côtés du grand amiral au centre.
L’affrontement de ces deux flottes portant plus de 120.000 hommes
et se disputant la suprématie en Méditerranée fut l’une des plus
grandes batailles navales de l’histoire.
Trois ans après Preveze, Charles-Quint entreprit une expédition
pour reconquérir Alger. La nouvelle armada de 516 vaisseaux montés
par 36.000 combattants était encore placées sous le commandement
d’Andréa Doria. Hayreddin Barbaros se trouvant alors à Istanbul,
son fils adoptif Hasan Pacha qui soutint la défense. L’armée et la
flotte de Charles-Quint furent anéanties, la vie de l’empereur
lui-même ne fut sauvée qu’au prix de grands sacrifices.
En 1543, Barbaros partit avec une flotte de 154 vaisseaux chargés
d’environ 5.440 soldats, en dehors des rameurs, pour prêter
secours à la France contre Charles-Quint. Nice fut prise et donnée
à la France. Barbaros établit cette année, ses quartiers d’hiver à
Toulon.
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Barbaros Hayreddin Pacha, grand-amiral de
Soliman le Magnifique |
Par ailleurs, à la même époque, l’amiral Turgut Pacha enlevait la
Lybie aux Chevaliers de Saint Jean et l’amiral Salih Pacha mettait
de l’empire arabe du Maroc sous le protectorat ottoman. Le 14 Mai
1560, la Grand Amiral Piyale Pacha défaisait devant Djerba une
imposante flotte de croisés, composée de 200 vaisseaux montés de
30.000 hommes.
Les expéditions navales turques ne se limitaient pas à la
Méditerranée mais s’étendaient également à l’Atlantique et à
l’Océan Indien. Des flotilles turques allèrent combattre également
en Angleterre, en Scandinavie, en Islande, aux îles Canaries et
même jusqu’au Canada.
En Orient, Soliman II le Magnifique luttait contre le Chah
Tahmasb, fils du Chah Ismail. Le 28 novembre 1534, il enleva
Bagdad aux Safevîs et entra à Tabriz. Maintes places en Iran
occidental et au Caucase furent conquises. Les dernières
possessions des Iraniens en Asie Mineure leur furent enlevées à
cette époque.
Après sa troisième campagne contre l’Iran, Soliman II entreprenait
sa treizième et dernière campagne contre L’Allemagne. II était
résolu à prendre Sigetvar, l’une des dernières places-fortes de
Hongrie restées aux mains des Allemands. II mourut devant cette
place, dans la tente impériale du camp, après 46 ans de règne, âgé
de plus de 71 ans.
Il avait, comme la plupart de ses aïeux, cultivé les sciences et
les lettres; il était poète et pratiquait les langues orientales
et le serbe. Il est considéré avec raison, comme l’une des plus
grandes figures de l’histoire turque et l’un des plus grands
souverains de l’histoire universelle.
Son époque fut celle où les Turcs s’élevèrent au point culminant
de la puissance et de la gloire, et vécurent leur âge d’or.
Sous Soliman II, la civilisation et la culture turques
atteignirent leur apogée les arts brillèrent de tout leur éclat,
de grands génies se manifestèrent dans tous les domaines. Des
poètes comme Nev’î, Rûhî et surtout Fuzûlî et Bâkî donnèrent les
plus hauts exemples (de ce genre) en langue turque, rivalisant
avec les sommets de la poésie persane classique. Des historiens,
des penseurs, des encyclopédistes et des lettrés comme le
Þeyhülislâm Kemal-pacha-zade, le Þeyhülislâm Ebussuûd Efendi, le
Þeyhülislâm Hoca Saadeddin Efendi, Taþköprülüzâde, le Grand Vezir
Dâmâd Lütfi Pacha, Celâlzâde Moustapha Çelebi, Âlî et Selânikî,
des cartographes et des mathématiciens comme l’amiral Pîrî Reis et
l’amiral Seydi-Ali-Reis, se distinguèrent tout particulièrement.
Dans le domaine des arts, citons le grand compositeur Þeyh
Abdülali, le calligraphe Karahisârî, le décorateur fresquiste
Sarhoþ Ýbrahim, le miniaturiste Osman efendi.
La renommée de beaucoup d’entre eux survécut à la période qu’ils
illustrèrent.
En architecture, la brillante ère inaugurée par Acem Ali avec la
mosquée de Sultan Selim fut couronnée par l’œuvre de Sinan qui sut
allier à la noblesse sereine du classicisme turc une imagination
créatrice d’une richesse inégalée, et produisant au cours d’une
vie presque centenaire qui se déroula sous plusieurs Sultans, près
de mille œuvres plus belles les unes que les autres, en tête
desquelles il faut mentionner la mosquée de Þehzade et surtout son
chef- d’œuvre la mosquée de Süleymaniye construite sous Soliman
II, le Magnifique dont elle porte le nom,-ensemble imposant
comportant, selon l’usage, tous les services sociaux nécessaires,-
certainement une des merveilles de l’architecture mondiale et le
plus grandiose monument de génie turc.
Beaucoup de ces chefs d’œuvres, par ex. les mausolées de sultans
d’Ayasofya ou le Harem du Palais de Topkapý furent décorées
d’admirables faïences turques fabriquées à Ýznik (Nicée) et dont
la qualité ne devait plus être dépassée.
L’époque de Soliman II, donna en outre à la Turquie ses plus
célèbres amiraux, Selmân Reis, Aydýn Reis, Hayreddin Pacha
Barbaros, Turgut Pacha, Sâlih Pacha, les deux Barbaros-zâde Hasan
Pacha, Piyâle Pacha, Kýlýç-Ali Pacha, de grands capitaines,
diplomates et hommes d’Etat comme Býyýklý Mehmed Pacha, le
Þeyhülislâm Zenbilli Ali Efendi, le Grand Vizir Pirî Mehmed Pacha,
le Grand Vizir Dâmâd Ýbrahim Pacha, Sultan-Zâde Gazi Hüsrev Pacha,
Sultanzade Gazi Koca Bali Pacha, le Grand Vizir Hadim Süleyman
Pacha, Sâhib Giray Han, Özdemir Pacha, Devlet Giray Han. Des noms
comme ceux du Grand Vizir Lala Moustapha Pacha, du Grand Vizir
Özdemiroðlu Osman Pacha, l’Amiral Ramazan Pacha, quoiqu’ils
fussent encore jeunes sous Soliman II, méritent d’être retenus,
car tous ces hommes d’élite ont contribué à faire appeler le
XVIème siècle, “le siècle turc”.
Comme preuve de l’intérêt suscité par la Turquie à cette époque,
on pourrait citer plus de 200 ouvrages parus en Europe rien que
dans le second quart de ce siècle.
Soliman II est appelé par les Turcs le Législateur car il
promulgua un Code très détaillé, complétant celui de Mehmed II, le
Conquèrant, et qui devait rester en vigueur jusqu’à la
réorganisation générale de 1839.
A sa mort, les territoires de l’Empire étaient d’environ
14.893.000 km2 (dont 1.998.000 km2 en Europe, 4.169.000 km2 en
Asie, 8.726.000 km2 en Afrique).
L’Allemagne, Venise, la Pologne, la Russie versaient un tribut
annuel à la Porte.
Soliman II, dont toute la vie s’était passée en campagne, n’eut
que trois épouses, dont la dernière Roxelane, originaire
d’Ukraine, fut la première femme à avoir exercé une influence
néfaste (funeste) dans le Sérail. Avec la complicité de sa fille
et de son gendre qu’elle avait fait élever au grade de Grand
Vizir, elle réussit à éliminer l’hériter du trône, Moustapha, un
prince de grande valeur, pour assurer la succession à son fils.
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Mosquee de Þehzade a Istanbul (1544-48) |
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Mosquee de Suleymaniye a Istanbul (1550-57) |
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