- C’est l’ère où les Mongols en la personne de Gengis Khan
(Çingiz, Çinggis) entreprennent la conquête du monde. Gengis
conquiert en 1215 l’Empire chinois du Nord, dont le centre est
Pékin (en turc Hanbalýk), puis se retourne avec une armée
turco-mongole de 200 000 hommes contre le monde islamique. En
1220 il met fin en Iran et dans le Turkestan au Hâkanat Turc
Oriental de Harzem-Þah, le successeur des Grands Seldjoukides.
II meurt en 1227. Sous ses fils et ses petits-fils la conquête
mongole se poursuit. Les Mongols s’emparerènt de l’Inde, du
Japon, des Philippines, du Yemen presque tout le continent
asiatique et de l’Europe Orientale, d’une partie des Balkans et
même d’une partie de l’Europe Centrale. A cette époque, on ne
connaissait du monde qu’environ 64 millions de km2. 44 millions
se trouvaient soumis à la domination mongole. Hulagu Khan,
petit-fils de Gengis, conquit Baghdad, Mossoul, Damas et Alep en
1285. Pendant ce temps son frère aîné Kubilay Khan, à l’autre
bout de l’Asie, prenait Hanoï, la capitale du Tonkin, et
envoyait des armées à la conquête du Japon et de Java. Quant à
Batu Khan le cousin paternel des deux frères, il avait, quelques
années auparavant, conquis les Balkans, la Tchécoslovaquie, la
Hongrie, la Pologne. II s’était emparé de Breslau, s’était
avancé jusqu’aux portes de Vienne et au rivage de l’Adriatique.
On se rappellera que la distance à vol d’oiseau de Java à
Breslau dépasse 10.000 km. Un si vaste empire n’est échu en
partage au cours de l’Histoire ni aux Romains, ni aux Ottomans,
ni aux Anglais. Or les Mongols, à la différence de ces trois
nations, ne surent pas conserver leur empire pendant quelque
temps, mais le reperdirent aussitôt, et eux-mêmes ne tardèrent
pas à se fondre la masse turque. Un peu plus tard nous trouvons
l’Empire Mongol scindé en Chine, Iran, Turkestan (Çaðatay) et
Europe Orientale (la Horde d’Or). Le premier de ces quatre
empires, la Chine, ne tarda pas à se siniser. Quant aux trois
autres, ils se turquisèrent et s’islamisèrent.
Les souverains de ces trois Etats reconnaissaient celui de la
Chine, leur cousin résidant à Pékin, comme leur suzerain le
Grand Kaan. Ainsi les Seldjoukides de Konya dépendaient des
Ilhanides de Tebriz, et ceux-ci dépendaient de Pékin. En 1294,
quand Kubilay Khan mourut à 80 ans, l’Empire chinois qui
s’incarnait en lui était le plus vaste des quatre empires
mongols. Son étendue etait de 24 millions de km2 et sa
population s’élevait à ce qu’en disait, à 300 millions d’âmes.
Avec cette splendeur, cette richesse dont il est auréolé,
Kubilay Khan a vécu pendant des siècles, dans l’imagination de
l’Orient et de l’Occident comme un héros de conte de fée et de
légende.